Bulletin 24 de la caravane: Un ministre ment devant la chambre basse du Parlement

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Communiqué de presse

Le 25 novembre 2014, interpellé par un député sur la situation des prisonniers d’IRA – Mauritanie, lors de son passage à la session parlementaire en cours, le Ministre de la justice, Monsieur Sidi OULD ZEINE, à la surprise générale, déclarait que lesdits militants se retrouvent en détention, à cause de leurs propos et comportements racistes, dans le centre hospitalier Cheikh ZAED, à Nouakchott. Selon lui, les activistes d’IRA – Mauritanie auraient présenté, l’un des leurs, à la structure sanitaire et exigeaient de le faire soigner seulement par un médecin descendant d’esclave, en somme Hartani. Le Ministre argue, ainsi que l’objectif du groupe d’abolitionnistes consistait à semer le désordre dans l’établissement public mais il se garde bien d’argumenter plus avant, sur les mobiles, les intentions, les calculs déductibles des actes allégués.

D’autre part, le Premier Ministre Mr Yahya OULD HADEMINE, à des visiteurs en privé, a servi une version moins alambiquée du récit de Mr OULD ZEINE. D’après lui, la décision de porter un coup à IRA – Mauritanie a été prise en Conseil de gouvernement bien avant le 11 novembre – date de l’arrestation de Biram DAH ABEID et de ses camarades et cela, suite à deux communications entendues, à l’occasion. En voici la teneur :
– Le Ministre de la Santé a exposé une la version erronée que son collègue de la justice a servie aux députés.
– Le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération ajoutera, en substance: « pour la respectabilité du pays, les autorités devraient effectuer des arrestations massives de militants d’IRA – Mauritanie dont le Président Biram DAH ABEID ; c’est un message nécessaire au Sénat américain qui a accordé la parole à Biram, un certain 24 juillet 2014. C’est également un message nécessaire aux activistes de la Société civile américaine qui ont inspiré la déclaration du Conseil de la ville de Chicago contre la Mauritanie, traitée d’ « esclavagiste ». D’après le Ministre, Il faudrait également envoyer un signal fort aux organisations de défense de Droits humains en Europe et ailleurs mais aussi prouver, à tous les soutiens d’IRA – Mauritanie, que l’arrestation de nombreux militants de l’organisation, y compris celle de Biram, ne sera pas une catastrophe mais un fait plutôt anecdotique.

A présent, il convient de rétablir la vérité de ce qu’on pourrait appeler « l’affaire de l’hôpital Cheikh ZAED ». Une fois de plus, les hautes autorités du pays ont recours au mensonge vicieux et c’est une jurisprudence bien établie depuis la dictature de Moawoya OULD TAYA.

Il s’agit d’une simple hospitalisation, avec une proportion raisonnable de panique et d’incompréhension face à un garçon d’une trentaine d’années qui a perdu, subitement, l’usage de toute la partie gauche de son corps, pendant qu’il conduisait une voiture. Quand le patient a été présenté, de nuit, l’infirmier de garde un arabo-berbère reconnu les militants d’IRA et déclaré, crument, qu’il refuse de soigner un malade d’une organisation d’apostats. Le Directeur-adjoint de l’hôpital, Dr Abdallahi OULD ELY SALEM, est intervenu blâmant l’infirmier maladroit ; le rappel à l’ordre permit la prise en charge immédiate du patient.

Contrairement aux allégations mensongères de Mr Sidi OULD ZEINE, le jeune a été soigné par un personnel constitué – exclusivement et par hasard – d’infirmiers et de médecins arabo-berbères ; il est gardé en observation pendant quelques jours, le plus naturellement du monde, avec d’autres malades.

Les autorités mauritaniennes, dans leur amateurisme et par une communication maladroite, ont tripatouillé, successivement, les charges contre les prisonniers d’IRA – Mauritanie :

– d’abord, «organisation d’une caravane non autorisée »
– ensuite, « incitation à la haine raciale »
– puis, « atteinte au sacré »
– enfin, « gestion d’une organisation illégale et rassemblement non autorisé »
– Et le Ministre de la justice, autorité du Parquet, d’ajouter la cerise sur le gâteau : « troubles et agression au personnel médical. »

Alors, pourquoi laisser en liberté les présumés auteurs de troubles dans « affaire de l’hôpital ZAED » pour arrêter d’autres à Rosso, dans un tout autre cadre ?

Les autorités de la Mauritanie ethno-tribale, qui couvrent l’injustice séculière sous leurs alertes d’une atteinte à l’unité nationale et d’un présumé complot sioniste, doivent se rappeler certaines réalités, hélas plus prégnantes que la propagande:

 Le personnel médical, comme celui des forces de défense et de sécurité, de l’éducation nationale… de presque tous les corps constitués, a été quasiment dénégrifié par les déportations et autres évictions, lors des évènements de 1989 ; IRA – Mauritanie n’est née que 20 ans plus tard.
 Par une politique bien planifiée et exécutée, les dizaines de milliers d’anciens fonctionnaires peuls, wolofs, soninkés et bambaras, revenus de leur exil, continuent à attendre les promesses d’insertion et d’indemnisation – jamais tenues – d’un pouvoir voué à entretenir des prébendes préférentielles, au profit de coteries arabo-berbères, ultra minoritaires, qui exploitent la peur du changement, la relayent, l’exacerbent, afin de poursuivre leur œuvre de prédation.
 Le Lycée polytechnique à vocation militaire, l’Ecole d
es mines, l’Ecole nationale d’Administration, de la Magistrature et de Journalisme (ENAMJ), la Faculté de médecine – des structures toutes créées sous le mandat du Président Mohamed OULD ABDEL AZIZ – n’offrent point de place pour les jeunes hratin, peuls, soninkés, wolofs et bambaras : le quota y est d’un étudiant nègre pour 99 arabo-berbères.

Par ce rappel, nous disons à Noura MINT AHMED et à bien d’autres victimes de l’esclavage mais aussi à Houleye SALL, Présidente du Collectif des veuves des martyrs des massacres extrajudiciaires des camps de de la mort de 1989-19991, que l’histoire avance, inexorablement, vers le triomphe de l’équité qui est l’accomplissement du genre humain. Qui se met en travers, vacille, puis s’écroule piétiné et redevient poussière.
Nouakchott, le 09 décembre 2014

La Commission de communication

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