Appel pour la libération immédiate et sans condition de Biram Dah Abeid et de ses codétenus
Freebiramdahabeid – Nous avons appris, avec inquiétude, que « La Caravane Contre l’Esclavage Foncier », organisée par le mouvement abolitionniste « Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste » (IRA), a fait l’objet d’une brutalité rare de la part de la Gendarmerie mauritanienne, le 11 novembre dernier, près de Rosso, chef-lieu de la région du Trarza. Plusieurs militants anti-esclavagistes, dont Biram Dah Abeid, se sont ensuite fait arrêtés.
Depuis, ils sont inculpés de « troubles à l’ordre public, incitation à l’attroupement, rébellion et appartenance à une organisation non reconnue », puis jetés en prison.
Selon l’IRA, l’objet de la Caravane est la dénonciation de l’exploitation des Hratines et autres marginalisés de la société, de la part des propriétaires terriens ou soit disant tels qui les exploitent, à longueur de saison, et viennent, aux récoltes, emporter les fruits de leur labeur. La manifestation pacifique tendait à obtenir, de l’Etat, une véritable réforme foncière ; enfin, la propriété de la terre reviendrait à ceux qui la travaillent et l’ont toujours travaillée.
Ainsi, au lieu d’ouvrir une concertation franche sur des questions d’intérêt public – comme il se doit dans un espace de régulation pacifique des conflits – le pouvoir, selon un usage bien établi, choisit, encore, la répression aveugle pour étouffer le débat ; ce faisant, il aggrave les tensions dont le cumul finit par remettre en cause la stabilité du pays et son devenir.
Il convient de souligner, ici, l’arrière-plan de telles mesures de privation de liberté ; en effet, depuis quelques semaines, des appels à la haine et au meurtre, sont distillés impunément, sur des média privés ou en pleine prière du vendredi, contre Biram et ses camarades, par des extrémistes de l’obédience wahhabite. A aucun moment, le pouvoir judiciaire n’a cru devoir les réfréner.
Nous, signataires de l’appel, condamnons avec la plus grande fermeté, l’usage systématique et disproportionné de la coercition, par les autorités mauritaniennes, à l’encontre de mouvements de Droits de l’Homme dont l’IRA. Par ailleurs, nous appelons à la libération immédiate et sans condition de Biram Dah Abeid et ainsi que de ses codétenus.
Nous exhortons, les consciences morales de la Mauritanie à se dresser contre la censure et l’intimidation des militants de l’égalité, une méthode de règlement des contradictions, finalement vouée à en accentuer l’enracinement. Enfin, nous mettons, le gouvernement en garde, contre un excès de complaisance envers les fauteurs de dogmatisme religieux, promoteurs d’une justification apocryphe de l’esclavage.
Signataires:
1. Mohamed BABA – (Clermont Ferrand, France)
2. Toka DIAGANA – (Washington DC, USA)
3. Abdel Nasser ETHMANE – (Paris, France)
4. Mustapha ELY – (Tunis, Tunisie)
5. Abidine MERZOUGH – (Aachen, Allemagne)
6. Boubacar N’DIAYE – (Wooster, Ohio, USA)
7. Abderrahmane NGAIDE – (Dakar, Sénégal)
8. Hacen OULD LEBATT – (Marseille, France)
9. Mamadou Ibra SY “Siikam” – (Baltimore, MD, USA)
Pour plus d’information sur l’Appel, consulter le site web suivant:
https://www.change.org/p/gouvernement-mauritanien-la-lib%C3%A9ration-imm%C3%A9diate-et-sans-condition-de-biram-dah-abeid-et-de-ses-cod%C3%A9tenus