Monsieur Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, Président de la république islamique de Mauritanie
Monsieur le Président de la République,
Le 28 novembre prochain la Mauritanie fêtera son indépendance mais ce qui doit être une journée de fête pour tout le peuple mauritanienne est marqué pour la population des négro-mauritaniens comme un jour de deuil et de souffrance. Le souvenir des années 1986-1991 est encore trop présent pour tous ceux et celles qui ont perdu un être cher.
Au cours de ces années, pas moins de 60000 noirs mauritaniens ont été expulsés de leur pays, leurs biens confisqués, leurs papiers détruits, 3000 militaires ont été mis aux arrêts, 500à 600 d’entre eux sont morts sous la torture ou ont été exécutés, enfin durant la nuit du 28 novembre 1990, à Inal, 28 soldats noirs mauritaniens ont été pendus parce qu’ils étaient noirs, au terme de longs jours de tortures pour marquer l’anniversaire de l’indépendance. Ces événements sont inscrits à jamais dans la mémoire de la population des noirs mauritaniens.
Monsieur le Président, dissimuler les événements des années 1986-1991 sous les termes d’années de braise ou de passif humanitaire ne peut tromper personne, il est temps d’appeler les choses par leur nom, ce qui s’est passé à ce moment -là s’appelle un génocide et un génocide ne peut rester impuni. Or il n’y a eu à ce jour ni enquête approfondie, ni poursuites. La loi d’amnistie de 1993 qui a installé l’impunité n’a pas refermé ce dossier, depuis toujours, les familles des victimes demandent autre chose : la vérité et la justice.
Monsieur le Président, Il n’est pas trop tard, le moment est venu de répondre à leurs appels. C’est pourquoi nous vous demandons instamment d’abroger la loi 93-23 et d’user de votre pouvoir afin que la justice puisse entrer en action.
Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour établir la vérité sur les crimes commis, en poursuivre les responsables et leur imposer des peines appropriées. Il doit être pourvu à une réparation intégrale de toutes les victimes et de leurs ayants droit.
Monsieur le Président de la République, soyez dans l’histoire de la Mauritanie, le président qui a œuvré pour la vérité et la justice. C’est ce qu’attendent depuis trop longtemps les familles des victimes du génocide des années 1986-1991.
Dans l’espoir d’avoir été entendus nous vous adressons, Monsieur le Président de la République, nos salutations respectueuses.
Pour le bureau d’IRA-France Mauritanie :
Roseline Ughetto