Mauritanie : un opposant privé de soins au cœur

Note d’alerte

1. Arrêté il y a un peu moins de 4 mois au titre d’une plainte déposée par un journaliste sous influence des services de la sûreté de l’Etat, le député Biram Dah Abeid, Président de IRA – Mauritanie, subissait un malaise cardiaque, le dimanche 26 novembre, en début de soirée.

2. Après examen du patient, l’infirmier de garde réclamait son évacuation, d’urgence, pour une consultation en cardiologie, à l’hôpital-mouroir de Nouakchott. Or, l’administration pénitentiaire se sentait obligée de requérir une telle « faveur » à la Présidence de la République, laquelle gère les détails du dossier judiciaire. Finalement, l’accord est obtenu, le lendemain, lundi, en fin de matinée.

3. L’autorisation, conçue au sommet de l’Etat, se trouve assortie d’une mesure toute insolite, au regard d’une situation de détresse médicale: Biram Dah Abeid doit quitter la prison, dans une ambulance, les menottes de métal aux poignets et flanqué de plusieurs gardes lourdement armés.

4. De nombreux mauritaniens, déjà présents ou accourus à l’hôpital pour exprimer leur sympathie à l’élu du peuple, furent choqués devant la sévérité des mesures contre un bénéficiaire de l’immunité, de surcroît sous la présomption d’innocence.

5. Le médecin, loyal à la déontologie de son métier, déploya des réserves de raison et de patience, afin de convaincre, les gardes, de retirer les fers, au moins le temps de l’examen physique. Très nerveux et sous pression des consignes de la hiérarchie, ils s’obstinèrent à ramener le détenu dans la prison, avant l’achèvement des analyses, notamment la prise de sang et l’échographie.

6. Sous traitement depuis décembre 2017, Biram Dah Abeid a été reconduit, de force, en cellule, malgré l’échéance du rendez-vous avec son référent bruxellois, le Docteur Steven Vercaurteren

7. A titre de comparaison, il convient de rappeler, ici, le cas de Rivaa Mint Hamady, inculpée, en 2011, pour pratique de l’esclavage et condamnée, à 10 ans de réclusion, dès 2018 et ses complices, à 20 ans du même régime. Non, seulement, la présumée auteur d’un « crime contre l’humanité » comparaissait libre avec ses complices – Saleck Ould Amar et son fils Hamoudi Ould Saleck– mais elle ne purgea, au total, que trois 3 mois ; le Chef de l’Etat, décideur de sa libération, n’a pas jugé nécessaire de faire casser le jugement. L’autre comparse encore en vie n’a toujours pas été écroué, en dépit de la peine, double.

8. Ainsi, se présente, au monde civilisé, la République islamique de Mauritanie : ses lois protègent les prosélytes du jihadisme et les tortionnaires, surtout quand ces derniers sévissent en la circonstance aggravante de racisme anti-noir. Sur sa seconde face de Janus où l’avenir se lit au passé, elle s’offre le luxe de la rigueur envers les défenseurs – désarmés – de l’égalité, de la tolérance et de la paix dans l’équité.

 

Nouakchott le 27/11/2018

La commission de communication

 

 

Annexe : diaporama des faits allégués plus haut

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