Précis de subversion:Esclavage foncier en Mauritanie : Comment épuiser un Etat suprémaciste

Au début du mois de février 2024, I’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (Ira),
apportait son appui aux descendants d’esclavages, victimes d’expropriation de terres de culture que
labouraient, depuis la nuit des temps, leurs ancêtres autochtones le long des rives du lac Rkiz. Une
répression – au demeurant prévisible compte tenu des réflexes de brutalité du système de domination
ethno-tribal – s’est abattue sur les manifestants et leurs soutiens, accourus des quatre coins du
territoire, en vertu des codes universels de la solidarité entre opprimés. A la colère partiale de l’Etat,
se greffa, assez vite, l’hubris de certains notables de l’ensemble tribal Tajakant, même installés hors
de la Mauritanie. Au nom des anciens maîtres, les orateurs, toutes personnalités des sections locales
du parti du gouvernement, ne se firent prier, avant de répandre, en public, l’aversion au partage des
parcelles arables. Or, les noirs, serviteurs d’hier, bien plus nombreux et en symbiose avec la nature
dont ils tirent subsistance et espoir d’émancipation, réclament la fin des privilèges séculaires de
naissance et la répartition équitable de la propriété du sol. Les réactions en chaîne ne vont tarder à
révéler l’inclination primitive du bloc conservateur, à user de la dissuasion, devant la moindre
objection des cadets sociaux.
Résumé des motifs

  1. En amont de la négociation et de l’adoption d’un compromis inégal qui accorde, aux protestataires,
    moins d’un cinquième de l’espace litigieux, 7 femmes et 14 hommes parmi eux seront internés
    pendant 2 semaines à l’intérieur des cachots du Commissariat de police de Rkiz où ils subiront
    isolement et torture physique. Les militantes et militants d’IRA ainsi que Mohamed Nouh et Mohamed
    Boushab, essuyèrent une agression délibérée de la part des forces de l’ordre féodal. Ils tentent,
    aujourd’hui, de guérir de leurs blessures. Les députées Ghamou Achour Salem et Aminata Elhassane
    Boughal ont été molestées, en présence de la foule. Nombre de sympathisants et d’adhérents à d’IRA
    s’évanouirent sous la charge des unités anti-émeute, spécialement dépêchées de Nouakchott, la
    capitale, pourtant distante de 200km. Les véhicules personnels des défenseurs des droits de l’Homme,
    ont été vandalisés, grâce à l’entrain saccageur de la police.
  2. Selon un registre similaire, le 3 février, l’un des dignitaires des Tajakant de l’ouest de la Mauritanie,
    possesseur de terres et d’esclaves et soutien enthousiaste du président de la République Mohamed
    Cheikh Ghazouani, déclarait : « Nous tuerons Biram dès qu’il mettra les pieds dans la ville de R’Kiz ou
    sur nos domaines ; si l’Etat n’a pas pu le tuer, nous nous allons nous en charger ». L’enregistrement
    existe. A visage découvert, Mohamed Ahmed Ould Mamoune promet d’attenter à la vie d’un humain,
    d’un citoyen, d’un député, d’un ex et futur candidat à l’élection présidentielle.
  3. Et en guise de confirmation du message d’intimidation, une autre figure d’extraction identique
    diffusa, via un groupe de discussion WhatsApp, des paroles de haine encore plus explicites. Mohamed
    Ould Moïne, homonyme et cousin du célèbre avocat défenseur du droit à la vie, y apostrophe la
    jeunesse de son milieu. Il en somme, des éléments robustes, d’aller chercher le prix des Nations unies
    pour les droits de l’Homme (Édition de 2013), puis de le capturer, corriger, défigurer ou tuer. Ici,
    également, la voix est archivée.
  4. Le 5 février 2024 des personnes autoproclamés animateurs de l’Association des jeunes de Tajakant
    distribuent, à la presse, un communiqué de vengeance, en langue arabe, largement colporté. Ils s’y
    engagent à assassiner le député Biram Dah Abeid dès le signalement de sa présence aux Mali et Niger,
    voire dans tout lieu de la mappemonde qu’habiteraient des membres de la tribu.
    Quelles leçons retenir ?
    Malgré la gravité de la crise, sa récurrence et les fonds conséquent de la Commission Nationales des
    Droits de l’Homme (Cndh), du Commissariat aux droits de l’homme, à l’action humanitaire et aux
    relations avec la société civile (Cdhahrsc), de l’Instance nationale contre la traite des personnes et le
    trafic des migrants (Inlctptm) et du Mécanisme national de prévention de la torture (Mnp), nulle de
    ces structures onéreuses, sans exception, n’a réagi aux évènements de Rkiz. Pareille abstention en dit
    long quant au caractère décoratif et frauduleux de leur mission auprès des victimes de discriminations
    fondées sur la race ou le statut de caste. Les partenaires stratégiques de la Mauritanie n’ignorent
    l’étendue de la tromperie et continuent de contribuer à son financement. De l’Europe, à l’Amérique
    du nord, au Japon, la connivence s’évalue en millions d’euros. A Nouakchott, le gouvernement de la
    cleptocratie les induit en imposture. Les partenaires « abusés » se laissent délester, dans l’espoir de
    progrès promis mais jamais au rendez-vous. Le Monde libre, qui n’ose plus revendiquer ses valeurs
    universalistes, cède au chantage des tropiques. En vue de faire oublier à ses interlocuteurs
    infréquentables, la colonisation et la puissance, il détourne le regard et délie la bourse. De nos jours,
    la culpabilité indue et huile le rouage du multilatéralisme, au grand soulagement de régimes en
    situation de banqueroute qui demeurent les premiers prédateurs de leurs peuples, loin devant
    l’impérialisme.
    D’ici, la prochaine révolte
    Les trois occurrences de Rkiz révèlent, qu’il y a, là, matière ample d’un procès. Sous les auspices d’un
    Etat de droit et d’une société normale, les auteurs de telles menaces de mort écoperaient, au
    minimum, d’une peine de 15 années de réclusion criminelle. Le Parquet ne s’est pas encore pourvu en
    justice. L’action publique du magistrat reste en suspens. Ainsi va, jusqu’à l’extinction programmée
    sous sa surcharge d’iniquité et de racisme, la République islamique des tribus, à présent bâtie sur
    l’industrie du déni et désormais réservoir inépuisable de médiocratie.
    Quelle que soit l’issue judiciaire du contentieux, IRA poursuivra et rehaussera son œuvre d’éveil, au
    bénéfice des anciens esclaves et de leur progéniture martyrisée. L’engagement n’épargnera aucune
    tribu car la lutte de l’égalité ne s’adresse qu’aux citoyens.
    Nouakchott, 22/02/2024
    La commission de communication

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