Note d’alerte ; Mauritanie : le gendarme violeur d’esclave mineure, exfiltré
- Le 11 août 2020, le tribunal régional d’Aioun, chef-lieu du Hodh occidental, délibérait, sous l’autorité conjointe du procureur de la république par intérim Saadna Tourad, du magistrat juge d’instruction Salem Makhtour – tous deux officiant à Néma – et d’autres de leurs collègues. Le verdict, par contumace, de seulement 24 mois d’emprisonnement, met fin à l’espoir de réparation au profit de Toutou Mint Kaber, la fillette de 12 ans, victime de viol, d’abus sexuels, d’exploitation et travail de mineure ; sa mère avait porté plainte, contre un officier de la police judiciaire de la commune de Twil (extrême-est) des œuvres duquel l’enfant était enceinte. Or, le 13 juillet, après des semaines d’incarcération, le Président de la chambre correctionnelle près la Cour suprême, Mohamed Ghaith Oumar, accorde la liberté conditionnelle, à son cousin, membre de sa tribu, Ahmed Taleb Ould Elmokhtar Ould Cheikh dit Ahmed Taleb Mohamed, gendarme, en service. En dépit du cas de flagrance, le susnommé échappe, désormais, à la « justice » ethno-tribale ; pourtant, plusieurs édiles se prononcèrent, alors, contre la mesure mais en vain. Aujourd’hui, le justiciable a été soustrait du pays.
- Pour faciliter l’impunité au bénéfice du prédateur qui choisit souvent ses victimes parmi les parias, notamment les descendants d’esclaves, le procureur de la république titulaire à Aioun, Ahmedou Bamba Ahmedou, requalifia les faits de contrainte physique, en « transgression des interdits de Dieu », une formulation anachronique et vague. Ce dernier chef d’inculpation constitue, dans le jargon islamiste, un fourre-tout dont le prétexte permet d’atténuer la peine requise, voire l’annuler. D’ailleurs, ô paradoxe, l’expression recouvre aussi l’apostasie, la dissimulation hérétique (zendagha) et le blasphème, à présent passibles de la peine de mort, sans la faculté du repentir, selon l’article 306 du code pénal, voté par les députés, le 27 avril 2018, sur instigation du gouvernement, pour complaire à la fraction pro jihadiste de la population. La terminologie englobe, également, des paroles, attitudes et actes qui ne relèvent d’une qualification en droit. La seconde étape du processus visant à conforter l’immunité du présumé violeur consista à lui octroyer, moyennant une caution modique, le bénéfice de l’audition libre, en violation des usages prescrits, partout dans le monde, contre la pédophilie. Bien entendu, pendant ce processus partial, les autorités en cause se sont abstenues d’imposer le moindre contrôle au prévenu, comme il se doit face une telle échelle de gravité. En comparaison, le pouvoir n’hésite, hors procès, à embastiller, chaque année, des centaines de contrevenants – mauritaniens et étrangers – d’ascendance subsaharienne, au motif de délits d’opinion ou de criminalité ordinaire.
- Ainsi fonctionne l’appareil judiciaire de la République islamique de Mauritanie, où le recours à la religion devient le réflexe d’autodéfense du système d’hégémonie, dès que les noirs revendiquent l’égalité et les droits universels de la personne. Le changement à la tête de l’Etat depuis 2019 ne recèle, de ce point de vue, aucune promesse d’évolution vers la cohésion sociale. Pour preuve, il est à peu près acquis que le garde des sceaux ne prendrait nulle sanction, à l’encontre des fonctionnaires fautifs, A l’image de l’enseignement en ruine qui reproduit la médiocrité, l’extrémisme et l’abêtissement des masses, la police et la magistrature consacrent la mainmise d’une minorité détentrice des privilèges de la prédation ; ironie du sort, le récent rapport de la Commission d’enquête parlementaire (Cep) témoigne de l’ampleur du pillage et de l’identité de ses auteurs, que ces mêmes tribunaux prétendent juger.
Initiative de résurgence abolitionniste en Mauritanie (Ira-M)
Nouakchott, le 17 août 2020
Liens connexes
http://lecalame.info/?q=node/10700