Mauritanie – 13 membres de l’IRA-Mauritanie transférés au centre de détention de Zouérate

Le 28 septembre 2016, treize défenseurs des droits humains de l’organisation Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste Mauritanie – IRA ont été transférés de la prison DarNaim à Nouakchott au centre de détention de Zouérat, qui se trouve à plus de 700 kilometres loin de leurs familles et de leurs avocats. Sachant que l’appel de leur condamnation est toujours en attente, il existe des inquiétudes que ce transfert pourrait avoir un impact sur leur accès à leur représentation légale et par conséquence une atteinte à leur droit de la défense.

L’IRA-Mauritanie travaille pour l’éradication de l’esclavage en Mauritanie, sachant que plusieurs descendants d’anciens esclaves sont toujours privés de leurs droits humains, même si l’esclavage a été aboli en 1981. L’IRA-Mauritanie était le lauréat récent de deux prix internationaux pour leur travail, le Human Rights Tulip Award 2015 et le James Lawson Award 2016 du Centre International du Conflit Nonviolent. Le Président de l’IRA-Mauritanie, Mr Biram Dah Abeid, a reçu le Prix de Front Line Defenders 2013, le Prix de l’Organisation des Nations Unies (l’ONU) pour les droits humains 2013, et il est un Héro de U.S. Department of State Trafficking in Persons Report 2016.

Entre le 29 juin 2016 et le 4 juillet 2016, treize membres de l’IRA-Mauritanie, comprenant Mr Abdellahi Matalla Saleck, Mr Amadou Tidjane Diop, et Mr Hamady Lehbouss ont été arrêtés à Nouakchott et transférés vers différents centres de détention sans leur avoir fourni de raisonpour leur arrestation. Les treize défenseurs des droits humains ont été amenés dans des lieux inconnus où il est rapporté qu’ils ont été soumis à des abus physiques par la police pendant plusieurs jours avant d’être transféré à la prison Dar-Naim. Ces arrestations sont survenues après que des émeutes ont eu lieu autour de Nouakchott le 29 juin 2016, organisées par des peuples Hratines habitant dans des bidonvilles que les autorités ont prévu de détruire pour un projet de développement. Malgré le fait qu’aucun membre de l’IRA-Mauritanie n’ait participé à ces émeutes, les autorités les ont pourtant arrêtés et les ont condamnés pour plusieurs chefs d’accusations, y compris des peines d’emprisonnement de 3 à 15 ans.

Le 22 août 2016, l’équipe chargée de la représentation légale des treize défenseurs a interjeté un appel de leur condamnation, qui demeure cependant pendante. Alors que la date de l’appel n’a pas encore été fixée, le procès se passera à Nouakchott, pendant que les treize défenseurs sont relocalisés à Zouérat. plus que 700 kilometres de la cour d’appel. . Il est rapporté que les treize défenseurs seront bientôt transférés à un nouveau centre de détention à Bir Moghrein, environ 1200 kilomètres de Nouakchott. La distance entre leur nouveau centre de détention et Nouakchott impactera leur accès à leur réprésentation légale et par conséquent leur droit à la défense.

Le harcèlement judiciare contre les membres de l’IRA-Mauritanie fait partie la campagne de harcèlement et d’intimidation visant les défenseurs des droits humains en Mauritanie. Le Président de l’IRA-Mauritanie, Mr Biram Dah Abeid, et le Vice-Président, Mr Brahim Bilal Ramdhane, ont été arrêtés sur des chefs d’accusations «d’assemblement illégal et de révolte, d’incitation à la révolte, et du refus de respecter les ordres des autorités administratives». Après 18 mois d’emprisonnement, ils ont été libéré le 17 mai 2016 après une décision de la Cour Suprême.

Front Line Defenders est préoccupée par le transfert des treize défenseurs à Zouérat sachant qu’ils sont éloignés de leurs familles, leur réprésentation légale, et leurs médécins. En tenant compte de l’harcèlement prolongé des membres de l’IRA-Mauritanie, Front Line Defenders croit que cette décision serait peut-être motivée par leurs activités légitimes dans la défense des droits humains.

Front Line Defenders demande instamment aux autorités Mauritaniennes de:

1. Assurer la libération immédiate et sans condition des treize défenseurs et annuler la condamnation contre eux;

2. Prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir l’intégrité physique et psychologique des treize défenseurs;

3. Veiller à ce que tous les défenseurs des droits humains en Mauritanie, exerçant leurs activités légitimes de défense des droits humains, soient en mesure d’opérer sans restrictions ni représailles, y compris le harcèlement judiciaire.

Front Line se permet de vous rappeler que la Déclaration des Nations unies sur les Défenseurs des Droits Humains, adoptée par consensus par l’Assemblée Générale des Nations unies le 9 décembre 1998, reconnaît la légitimité des activités des défenseurs des droits humains et leur droit de mener à bien leurs activités sans crainte de représailles. Nous attirons tout particulièrement votre attention sur l’Article 5 (a) et (b): «Pour le but de promouvoir et protéger les droits de l’homme et des libertés fondamentales, chacun a le droit, individuellement ou en association avec d’autres, aux niveaux national et international: (a)pour répondre ou de se rassembler pacifiquement; (b)pour créer, d’adhérer et de participer à des organisations non gouvernementales, des associations ou des groupes» et à l’Article 12 (2): «l’État prend toutes les mesures nécessaires pour assurer que les autorités compétentes protègent toute personne, individuellement ou en association avec d’autres, de toute violence, menace, représailles, discrimination de facto ou de jure, pression ou autre action arbitraire dans le cadre de l’exercice légitime des droits visés dans la présente Déclaration».

Nous apprécierons toute information concernant la suite que vous voudriez donner à cet appel.

Je vous prie d’agréer l’expression de ma haute considération.

Frontline Defendeers

Mary Lawlor ,Directrice Exécutive

One thought on “Mauritanie – 13 membres de l’IRA-Mauritanie transférés au centre de détention de Zouérate

  1. Je suis sympathisant de votre organisation IRA. Je suis de très près l’évolution de la lutte noble et juste que vous menez en Mauritanie, j’ai même participé à un sit-in d’IRA le 3 août 2016 pour la libération des 13 militants de votre organisation, à Paris devant l’ambassade de Mauritanie. Malgré toutes les menaces et les tortures que vous subissez en Mauritanie face à ce régime criminel, raciste et esclavagiste de Abdel Aziz( Aziz n’est qu’une pièce du puzzle du système parce qu’avant lui tous les maux qui nous accablent étaient notre quotidien là-bas, en réalité il ne fait qu’aggraver la situation, après lui aussi cela va perdurer, à condition que les noirs fassent ce qui aurait dû être fait il y’a longtemps ), vous n’avez jamais cédé ou fait du compromis, ce qui en mon jugement témoigne votre sincérité et votre courage. J’aimerai tant vous apporter un soutien plus qu’un commentaire, en d’autres termes un soutien physique, moral et économique. Avant tout je suis mauritanien comme vous, nous tous nous avons subi là-bas l’oppression politique, l’exploitation économique et la dégradation sociale, je ne suis en France que pour continuer mes études en droit. Cependant la question que je me pose et que j’aimerais tant discuter avec des activistes de votre organisation,est ce que la lutte passive et non-violente face à un système brutal et violent envers les noirs mauritaniens( haratins, peuls, Soninkes, Wolofs et bambaras ) est efficace? Il faut certes porter une plainte devant l’assemblée générale des nation-unies mais tout en recourant à une méthode auto-défensive face à ce système. Parce que ces gens là, ils n’ont pas de morale, c’est à dire qu’ils ne vont pas arrêter de nous dégrader, de nous opprimer et de nous exploiter tant qu’ils ne se sentiront pas en danger. Si nous prenons aussi l’exemple de toutes les “révolutions”qui ont pu réussir et émanciper leurs peuples, ce sont celles qui ont recouru aux méthodes les plus adéquates pour défendre leurs biens et leurs personnes. Vous êtes nos aînés, vous connaissez mieux que nous le terrain, mais on peut vous garantir une chose, notre génération a compris que les anciens politiciens n’étaient que des fantoches et des traîtres qui ne servaient que leurs intérêts personnels, la preuve beaucoup d’entre eux n’ont pas hésité de prendre part au soit disant dialogue national qui n’est rien d’autre qu’une comédie pour détourner les mauritaniens des vrais problèmes qui se posent dans ce pays. Si vous aviez voulu suivre leurs traces, je pense que vous n’auriez pas pris tous ces risques et tous ces dangers. Je vous remercie.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *