Qui est Balla Touré ?
L’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie) vient d’être frappée par la condamnation, le 18 août dernier, de 13 de ses membres et non des moindres accusés d’appartenance à une organisation non reconnue, incitation à la violence et attaque d’autorités publiques dans l’exercice de leurs fonctions. Parmi ces 13 détenus, figure Balla Touré, un ingénieur agro-environnementaliste, considéré comme l’un des éléments le plus important, un activiste de première heure d’IRA. Une force tranquille du mouvement abolitionniste. On dit de lui qu’il est l’antidote de tous les virus dévastateurs d’IRA Mauritanie. Portrait.
Il y a des hommes qui ont la conviction de leur action dans le cœur et la révolution dans leurs veines. Ceux-là ne reculent devant rien, pour rien au monde. La justesse de leur combat est un sacerdoce. Balla Touré, puisque c’est de lui qu’il s’agit, fait partie de ces hommes. Fils d’une famille soninké de Gorgol, le père – paix à son âme – fut un grand commerçant qui a sillonné l’Afrique centrale et l’Asie. Balla Touré, né en 1970 à Djéol, un village situé à quelques kilomètres de Kaédi, est un leader et fervent militant du mouvement IRA -Mauritanie dès sa création.
Cet enfant de Djéol a fait ses études primaires dans ce village, et le secondaire à Kaédi. Après le Baccalauréat en 1988, il franchit les portes de l’Université de Nouakchott. Un an après, précisément en 1989, Balla Touré prend le chemin de la Russie pour étudier l’agronomie. Après quatre ans d’études, il obtint son Bachelor, puis son Master en agronomie, avant de faire des études en environnement.
Après avoir obtenu de hauts diplômes et fait deux années de stages dans un centre de recherches, cet agro-environnementaliste quitte la Russie en 1995 pour rejoindre sa Mauritanie natale. Sans tarder, il intègre, de Juin 1997 à fin 1999, le Programme d’insertion des agronomes à Foum Gleita. Dans la même année 99, Balla Touré retourne à Nouakchott pour travailler comme consultant sur des questions de développement et des programmes agropastoraux (production agropastorale, énergie et hydraulique principalement). Mais aussi il travaille sur l’environnement avec la gestion des ressources naturelles et des questions de changement climatique.
En Juin 2000, avec un groupe d’amis ingénieurs, Balla Touré crée une ONG d’appui au développement dénommée « Population et Développement (POPDEV) ». Ce n’est pas tout, Balla Touré a initié et conduit des projets de développement rural avec l’appui des organisations communautaires de base (Associations villageoises, coopératives, GIE de développement); une activité que cet ingénieur agro-environnementaliste exerçait jusqu’à son arrestation le 1er Juillet 2016 alors qu’il était sur le chemin de son bureau. Balla Touré, marié, père de deux filles dont l’une porte le nom de la vice-présidente de l’IRA, Coumba Dada Kane, a, depuis 2008, adhéré à IRA où, avec quelques personnes, il s’est attelé à faire de ce mouvement anti-esclavagiste un moyen de combattre l’esclavage pour son éradication totale.
Les objectifs de déconstruction du système de domination, le discours de vérité et la démarche pacifique l’ont incité à militer dans cette association. Dès sont entrée dans ce mouvement, Balla a été désigné pour assurer le poste de Secrétaire aux Relations Extérieures. Poste qu’il occupe jusqu’à présent. Doué dans l’organisation associative, compétent, déterminé et connu pour son sens inné de justice et d’équité, Balla Touré a contribué activement à la mise en place d’une vraie structure d’IRA qui fonctionnait auparavant avec un comité provisoire. On dit de lui et de son ami et compagnon de prison Hamady Lehbouss, qu’ils sont la base de données du Mouvement IRA-Mauritanie.
Faut-il souligner au passage que cet homme calme, intelligent, ce gentleman a milité aux FLAM (Forces de Libération des Africains de Mauritanie) bien avant de venir à IRA, entre 89 et 94 et au parti Action pour le Changement (AC) auprès de son oncle Touré Mamadou. Mais aussi, il fut militant et dirigeant de Conscience et Résistance avec son ami Jemal Ould Yessa. Aujourd’hui condamné à 5 ans de prison ferme pour les chefs d’inculpation cités ci-haut, Balla Touré, purge cette peine depuis le 18 août dernier. Une sentence qualifiée de lourde pour « des gens qui n’ont fait que défendre une juste cause », selon le collectif des avocats de la défense qui tenait une conférence de presse au moment de la délibération.
Pourtant, Balla n’en est pas à son premier séjour carcéral. En décembre 2010, il a été arrêté avec son compagnon de lutte Biram Dah Abeid dans l’affaire d’Arafat lorsque les leaders d’IRA avaient engagé une opération de libération de deux filles considérées comme esclaves d’une famille. C’est dire que ce fils de Djéol était déjà dans le viseur du système qui a fini par l’avoir dans son escarcelle.
Ce jeune homme de taille moyenne aime le sport, la lecture orientée sur la littérature engagée, les romans d’espionnage mais aussi la nature. Il aime s’entourer de sa famille ou des amis. Toutefois, il le faisait quand il avait le temps. Aujourd’hui, selon les amis du Djéolois « quelque soit le jugement ou la condamnation, Balla ne baissera jamais les bras. Il continuera le combat pour une Mauritanie libre, juste et démocratique ». Le journaliste-éditorialiste, Camara Seydi Moussa, qui est l’un de ses meilleurs amis, déclare : «Balla, c’est comme le soleil. Il brille pour tout le monde sans exception. Et ne change jamais de mouvement d’Est en Ouest ». Et d’ajouter «le Papa de Coumba et de M’Ma est un homme de paix et de sagesse qui frise l’exagération. Les valeurs des mots et des gestes envers les inconnus sont d’importance pour cet homme, ami de tout le monde. Balla, c’est l’anti-vulgaire dans les propos mais tenace dans ses convictions, parfois même têtu».
Par : I.BADIAN
merci a tous combattant pour l egalite