John Kerry, Secrétaire d’État américain: Il ne s’agit pas simplement d’une question d’ordre public ; c’est une obligation morale d’éradiquer l’esclavage
« Il ne s’agit pas simplement d’une question d’ordre public ; c’est une obligation morale d’éradiquer l’esclavage de cette planète, quelle que soit sa forme, et nous devons nous y mettre », John Kerry, Secrétaire d’État américain.
Le Rapport Annuel sur le Trafic Humain.
Notes de lecture du 2016 TIP Rapport sur la Mauritanie : Par Siikam Sy
Le mouvement mondial contre le trafic humain a mis sur pied un paradigme exceptionnel qui comporte 3 paliers essentiels : poursuite judiciaire, protection et prévention.
-Le volet poursuite judiciaire vise à renforcer les mécanismes juridiques pour lancer des poursuites contre les trafiquants.
-Le volet protection vise à assister les victimes pour qu’elles puissent franchir le palier de victime et repartir sur de nouvelles bases, et vivre ainsi pleinement leurs vies.
-Le volet prévention vise lui à informer la communauté humaine de ce fleau en élevant le niveau d’éducation des masses.
Le Rapport Annuel sur le Trafic Humain est structuré de telle sorte qu’il regroupe les pays en 3 groupes (Tier en Anglais) :
Groupe I (Tier I) : il s’agit du groupe des pays qui adherent complètement aux minima établis par le TVPA’s (Trafficking Victims Protection Act ou Acte de Protection des Victimes du Trafic Humain).
Groupe II (Tier II) : ce lot regroupe les pays qui ne respectent pas à la lettre les minima standards établis par l’Acte de Protection des Victimes du Trafic Humain mais au moins ont fait des progrès réels dans cette direction.
Groupe III (Tier III) : il s’agit du groupe de gouvernements des pays qui ne respectent pas les minima établi par l’Acte de Protection des Victimes du Trafic Humain et pire encore, ne font pas d’efforts réels dans cette direction.
Pour le 2016 TIP Rapport, la Mauritanie est classée dans ce Groupe III (Tier III). Le Rapport souligne qu’en dépit de la mise sur place de tribunaux chargés de juger ceux qui pratiquent l’esclavage et la possibilité pour certaines ONG de porter plainte au nom des victimes, ces tribunaux « ne sont pas adequatement financés, les juges n’ont pas reçu de formations adéquates, et les autorités n’ont poursuivi personne ». Les efforts pour éradiquer l’esclavage par ascendance sont faibles. Le gouvernement n’a initié aucune investigation, n’a lancé aucune poursuite judiciaire et n’a condamné aucun membre de l’administration pour complicité de trafic humain en dépit de l’existence de complicités établies des membres du gouvernement.
Les ONG ont établi que sur les 29 cas d’esclavage par ascendance recensés entre 2010 et 2015, la police a soit refusé d’ouvrir une enquête ou la justice a refusé de poursuivre les auteurs des crimes. Le gouvernement fournit peu d’efforts pour protéger les victimes. Les ONG locales sont les seules entités à aider les victimes et pourtant elles ne reçoivent aucune assistance du gouvernement. Le gouvernement n’a même pas poursuivi un intermédiaire dans le trafic des domestiques vers l’Arabie Saoudite ; le gouvernement s’est limité à annuler ce program d’envoi de domestiques vers l’Arabie Saoudite et a rapatrié les victimes sans qu’aucune poursuite judiciaire ne soit lancée contre les acteurs de ce trafic. Le gouvernement n’offre aucune formation sur le trafic humain à ses diplomates et les 140 gendarmes déployés pour une mission internationale de maintien de paix n’ont pas non plus recu cette formation.
Le Rapport offre les recommandations suivantes :
1) Doubler les efforts visant à enquêter et poursuivre les auteurs de tous les types de trafic humains;
2) Arrêter et juger les complices au sein du gouvernement;
3) Assister les victimes pour qu’elles puissent repartir sur des bases solides et saines en leur offrant l’assistance dont elles ont besoin;
4) Poursuivre les responsables du trafic humain des mauritaniennes vers l’étranger;
5) Assister les esclaves à établir leurs communautés loin du joug des anciens maîtres;
6) Reconnaître IRA-Mauritanie et toutes les organisations légitimes de défense des victimes du trafic humain;
7) Éduquer les masses sur le fleau du trafic humain et allouer des ressources réelles pour mettre en œuvre la stratégie nationale de lutte contre le trafic humain.
Par Siikam Sy
Vous pouvez lire l’Intégralité du Rapport au lien ci-dessous. Bonne lecture!