Message du Président Biram Dah Abeid
Au nom d’Allah, bon et miséricordieux, et paix soit sur Son prophète,
De Biram Dah Abeid aux femmes, hommes, jeunes et moins jeunes, parmi les abolitionnistes de Mauritanie et, à travers eux, à tous les compatriotes de bonne volonté, aux organisations et gouvernements épris de justice, de liberté et de dignité humaine, de par le vaste monde.
Chères sœurs, chers frères
Après un an et demi derrière les barreaux, me voici qui vous exprime, en nos noms, mon camarade d’infortune et moi, toute ma gratitude, de votre soutien à nos familles et nous.
Je vous écris pour vous renouveler mon serment d’honorer les principes et les positions qui m’ont mené dans cette cellule. Soyez sûrs que notre moral et notre détermination ne font que s’affermir, jour après jour et ce, grâce à Allah, grand et miséricordieux. C’est Lui qui nous a donné à vivre suffisamment longtemps pour célébrer le quatrième anniversaire du glorieux autodafé – volontaire et symbolique – des manuels de l’esclavage, du mensonge et de l’hypocrisie. Les livres de la honte, qui constituent une offense à Allah et à Son prophète demeurent, pourtant, le fondement de la référence juridique, dans mon pays, la Mauritanie. Ils dénaturent le message prophétique, par la légitimation de l’offense à la dignité des humains, l’atteinte à la sacralité du corps d’autrui et l’accaparement de ses biens.
De tels traités de l’exploitation et du racisme excitent à la haine et sèment la discorde, entre frères du même pays et de la même religion. Ils ont été utilisés, par des générations de dominateurs, durant des siècles, pour assouvir des pulsions de jouissance et fructifier des intérêts égoïstes, sur l’échine de leurs semblables.
Oui, de toute délibération, nous y avons mis le feu, en guise de gifle à l’histoire, trop longtemps assoupie ; ainsi, le 27 avril 2012, nous dissociâmes l’infamie de la droiture. Nous rehaussions, alors, le Saint Coran, livre d’Allah et la tolérante Sunna, où l’exemple de notre Saint Prophète enseigne la liberté et l’égalité, de l’espèce humaine et parmi les croyants. Ce fut là, pour nous, le signal d’une profonde révolution, morale et spirituelle, visant à restaurer et restituer l’Islam véritable, déconstruire et dénoncer l’hypocrisie des profiteurs qui tiennent boutique sous son auguste enseigne.
Chères sœurs et frères
L’anniversaire du glorieux autodafé revêt, pour moi, l’occasion de renouveler auprès des damnés de Mauritanie, parmi les Hratin, les forgerons, les Halpular, les Soninké, les Wolofs, les Bambaras et les Arabo-berbères, notre engagement à les soutenir, les défendre et ce, même depuis le fond d’une cellule carcérale. Ensemble, nous vaincrons ou nous périrons. Aux oppresseurs nous réitérons l’évidence : vous nous retrouverez, toujours, sur votre chemin, tant qu’Allah nous accordera la faculté de respirer.
Mauritaniennes, Mauritaniens
Je vous engage tous, individuellement et collectivement, avec vos organisations, partis, syndicats et toutes autres modes d’associations à surmonter les différends, en cette phase délicate de notre histoire ; la situation s’aggrave, à cause du jeu dangereux auquel se livre un pouvoir sans vergogne qui use de la division, pour entériner, encore et toujours, l’usurpation de l’autorité et le détournement du butin.
A cette fin, il s’appuie sur le « racialisme » de facto, lorsqu’il il reproduit l’épuration, en douceur, par la mise à l’écart, systématique, des ressortissants de certaines communautés, y compris dans le commandement des forces armées et de sécurité, l’administration et les finances, le corps de la magistrature, la diplomatie, le capital privé national, l’éducation, la formation et, surtout, le magistère religieux.
Mes frères et mes sœurs, chers Mauritaniens
Le régime de Mohamed Ould Abdel Aziz étrangle les libertés, sous l’apparence, fort vaine, de leur respect. Il rétrécit le champ d’action des défenseurs des droits de l’homme par les limites, graduelles, aux droits de réunion et de manifestation. Il interdit des organisations de la société civile, embastille pour délit d’opinion, censure les émissions de télévision et de radio, emprisonne les journalistes, poursuit ses opposants et les met à la diète ; privés de toute activité professionnelle, ils rejoignent la cohorte des hommes d’affaires qui subissent ses tracasseries et en récoltent la ruine, quand ils s’abstiennent de lui prêter allégeance.
Mesdames et Messieurs les Mauritaniens
Aux côtés des victimes de l’esclavage traditionnel et du racisme d’Etat, se retrouvent celles des prisons secrètes, des simulacres de procès, de la spoliation foncière et des milliers de travailleurs damnés des mines, des usines et des ports.
Toutes les franges de la société mauritanienne ont souffert, d’une façon ou d’une autre, d’un si grave degré de mépris pour les lois ; tandis que pointe, aujourd’hui, une avidité supplémentaire au parjure, le minimum de lucidité, requiert, de nous tous, le sursaut.
Mes chers frères et sœurs
Fils et filles de la Mauritanie, l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) tend la main de la réconciliation et de la fraternisation, à tous les Mauritaniens, individus, groupes, organisations, partis politiques pour l’élaboration et le respect d’une Charte nationale d’honneur et de paix, sur la base des préceptes du Saint Coran et des standard du droit international. Le code de conduite et de concorde se reconnaît la priorité du retour à la fraternité islamique véritable, aux principes de la citoyenneté dans un Etat, protecteur et – non détracteur – de ses ressortissants. .
Le premier acte de cette renaissance au devoir et à la dignité, réside dans l’injonction de l’union sacrée, pour défendre la Constitution de la République Islamique de Mauritanie.
M’en remettant à Allah…..
Biram Dah Abeid
26 avril 2016