Le verdict de la honte

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Après deux mois de détention arbitraire et une parodie d’un procès dont la nature éminemment politique a été brillamment démontrée par leurs avocats, les détenus de l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) viennent de prendre connaissance du verdict : deux ans de prison ferme à l’encontre du Prix 2013 de l’ONU pour les Droits de l’Homme, président d’IRA, Biram Dah Abeid, la même peine pour son premier adjoint, Brahim Ould Bilal et SOW Djiby, président de l’Ong KAWTAL. La peine, prononcée en première instance, sanctionne la participation à la Caravane pour l’Abolition de l’Esclavage Foncier qui, avec l’autorisation de l’Administration, avait circulé trois jours durant sans incident avant de se transformer en prétexte pour arrêter les militants abolitionnistes. Les deux ans de prison ferme, se fondent sur des chefs d’accusation anachroniques, tels « appartenance à une organisation non reconnue », « attroupement », « appel à attroupement », « rébellion non-armée (sic !) » et révèlent l’absurdité de l’article 193 du code pénal auquel cette peine se réfère.

Devant l’iniquité et l’archaïsme d’un tel arrêt, devant l’irresponsabilité et l’esprit aventurier de ceux qui président à la destinée de notre pays, IRA:

1- Confirme en direction du gouvernement de Ould Abdel Aziz, en direction de la coterie d’affairistes qui ont fait main basse sur les meilleures terres arables du sud du pays, à la faune d’obscurantistes et de féodaux qui grouillent dans son entourage, aux racistes et esclavagistes rongés par l’ulcère de la haine sa détermination à poursuivre le combat. Il faudrait au groupe minoritaire dominant bien plus que les prisons de Rosso, d’Aleg (où les prisonniers viennent d’être transférés), de Dar Ennaim, pour tarir le flot de militants antiesclavagiste dont l’injustice entretient la relève;

2- Adresse ses plus vifs remerciements aux organisations de la société civile, membres de la mouvance antiesclavagiste ou des autres secteurs de la lutte pour les droits de l’homme, aux partis politiques, aux chancelleries des grandes démocraties dans le mondes, aux institutions internationales et surtout aux avocats du barreau de Nouakchott et autres défenseurs, venus prêter main forte à la cause antiesclavagiste en Mauritanie.

3- Rappelle, en direction de l’opinion nationale et internationale, qu’en plus des trois condamnés d’aujourd’hui, un grand nombre de militants antiesclavagistes continuent à subir les sévices des geôliers, notamment dans les prisons de Nouakchott. Parmi eux, nous citons le cas de Mariem Mint Cheikh, militante d’IRA arrêtées et jamais jugée lors d’une action pacifique de protestation à la suite de l’incarcération des membres de la Caravane pour l’abolition de l’esclavage foncier. Mariem a été l’objet, il y a deux jours, de tortures dans la prison pour femmes de Nouakchott ;

4- Incite ses militants et sympathisants, en Mauritanie et en dehors de la Mauritanie, à multiplier les démarches et les actions destinés à obtenir la libération rapide et inconditionnelle de l’ensemble de ses détenus afin que se poursuive l’effort collectif pour l’avènement d’une société du partage équitable et de la dignité de tous. Cette dynamique – comme ce fut toujours le cas – doit se dérouler dans le respect strict des biens et des personnes, loin de toute provocation par les services de sécurité.

L’esclavage et ses implications sociales n’ont que trop duré, par l’impunité, la dissuasion et le déni. Son abolition est l’affaire de tous, en Mauritanie et au delà.

Nous tendons la main, aux femmes et hommes de bonne volonté, contre une infamie qui interpelle l’humanité.

Le 16 janvier 2015 La Commission de Communicatio

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