Loupe du “Rénovateur” : Esclavage et récupérations politiques
Le Rénovateur Quotidien – On n’ a jamais aussi assez parlé ces derniers de temps de la question de l’esclavage en Mauritanie. Le phénomène a nourri bien des polémiques, ébranlé le système –pouvoir actuel et fait résonner toutes sortes d’échos sur la réalité que chacun a voulu lui donner selon les interprétations bonnes ou mauvaises, fondées ou non, sur son existence ou ses survivances.
Certains parlent de séquelles, d’autres de pratiques courantes. Il ya au moins un point où convergent tous les points vue : c’est que le terme esclavage a une forte charge sociale qui renvoie à l’idée de dévalorisation de l’homme à sa chosification, privant ainsi la victime le droit d’être, face à un rapport d’assujettissement très aliénant.
Tant qu’un seul homme est maintenu en esclave, l’Etat demeure responsable de cette situation. Aujourd’hui plus qu’hier la Mauritanie est interpelée dans sa conscience collective par cette question à plusieurs dimensions.
Le seul fait de reconnaitre à travers ce phénomène l’expression de la négation de l’être dans sa dignité est en soi une marque de solidarité à l’endroit du genre humain en général et de soutien à la cause des dominés en particulier. Si depuis plusieurs décennies le combat contre «El Aboudiya » n’a pas porté les fruits attendus des hommes justes, c’est en grande partie à cause de la forte détermination du pouvoir politique dominant à tenir en échec les militants anti-esclavagistes par l’usage de méthodes classiques de récupération des porte-voix de cette cause.
Rares, pour ne pas dire inexistants étaient ceux qui n’ont pas cédé à des strapontins au point de changer de fusil d’épaule en cours de route. Combien se sont réduits au silence absolu pour avoir monnayé le combat contre du bakchich. A l’époque où la course aux privilèges facilitait les cooptations politiques et permettait à l’Etat d’être à l’abri des perturbations politiques, cette cause se négociait à bon marché.
A chaque fois que les acteurs étaient en disgrâce, ils reprenaient les armes pour se faire entendre à nouveau. Cette pratique avilissante n’a pas disparu. Nous l’avons refaire surface ces derniers temps au fort de la lutte engagée par IRA.
Au fil des changements et des ruptures, la question de l’esclavage se vidait de sa portée idéologique pour se diluer dans le discours trop complaisant sur l’unité nationale, l’égalité pour tous etc. ceux qui ont incarné à un certain moment la passion de la lutte anti-esclavagiste se sont eux –même sabordés dès que les intérêts personnels faisaient aiguiser les appétits du paraitre.
Ainsi pendant plus deux longues décennies, les pouvoirs publics ont trouvé les astuces qu’il faut pour détourner l’opinion sur ce mal « congénital » à la société mauritanienne et par conséquent difficile à cacher par des manipulations politiques.
En effet pendant que des lois sont promulguées pour incriminer et criminaliser la pratique de l’esclavage, les oligarchies féodales liquidaient lentement les chaines de l’esclavage physique tout en maintenant fortement les rapports de servitude morale et sociale à l’endroit de leurs sujets.
De 1980 aux années 1990 des défenseurs de cette cause profitant de la loi interdisant cette pratique ont relancé la question sans trop réussir à la porter sur le front international du moins avec l’ampleur que cela a atteint aujourd’hui. Le pouvoir politique ne trouvait pas trop de difficultés à gérer la situation sur le plan intérieur. Usant de la politique de la carotte et du bâton pour étouffer la révolte dure reste très timide. (A suivre…)
CTD