Editorial du Calame : Comme de nuit noire…
Le Calame – Alors que 2014 tire à sa fin, la nouvelle année ne commence pas, c’est le moins qu’on puisse dire, sous les meilleurs auspices. Quand l’improvisation tient lieu de feuille de route, où peut-on aller ? Rien qu’à voir le tableau général qu’offre notre pays, sous la direction éclairée de son rectificateur en chef, on a des sueurs froides. A vous de juger et la liste, hélas, n’est pas exhaustive. Notre démocratie balbutie : le processus dit de Nouakchott, qui devait accueillir onze chefs d’Etat, n’en reçoit, finalement, que quatre ; les relations, tendues, avec l’Union européenne, avec qui les négociations, pour le renouvellement de l’accord de pêche, sont suspendues et qui condamne, ouvertement, l’arrestation de Biram et de ses amis ; le Quai d’Orsay qui prête, désormais, une oreille plus attentive à la question de l’esclavage. Notre situation économique n’est guère plus florissante : scandales financiers qui se multiplient, mal gouvernance de plus en plus pointée du doigt, fortunes qui s’accumulent en un clin d’œil, revenus de nos principales exportations qui baissent drastiquement. La scène politique ? Bloquée : la crise couve toujours, depuis 2008, aucun dialogue ne pointe à l’horizon, les acteurs ne s’accordent aucune confiance et le législatif, censé organe de contrôle, est, plus que jamais, aux mains de l’exécutif. La situation sociale ? Explosive : question de l’esclavage et de ses séquelles toujours pas réglée, relents communautaristes de plus en plus présents, tandis qu’un concert de voix s’élève, pour demander plus de justice sociale et une redistribution des richesses, après des décennies de privations. La sécurité ? Inexistante : le viol et le meurtre odieux de la petite Zeineb, après celui de Penda Sogue (et beaucoup d’autres encore) en disent long sur l’incapacité de l’Etat à assurer la quiétude à ses citoyens. Tableau pas vraiment idyllique, donc. Que faire alors ? Gouverner, dit-on, c’est prévoir. Malheureusement, notre point fort, à nous Z’autres les Rimiens, comme dirait Marien Derwich, est de ne rien prévoir mais de vivre au jour le jour. On aurait pu, par exemple, prévoir la chute, inévitable, des cours des matières premières et ne pas tout dilapider. On aurait dû, aussi, prévoir une foultitude d’autres choses, pour ne pas en arriver là. Mais de ce pays, personne ne se soucie vraiment. On ira donc à 2015 comme de nuit noire, en quête d’un puits. A tâtons. En priant Dieu de nous le mettre en chemin… et de nous éviter d’y tomber… Ahmed Ould Cheikh