Bon et mauvais usage de la religion : La Mauritanie entre survie et suicide ?
Le Rénovateur Quotidien – La religion (Islam) est le meilleur culte à adopter pour fonder une société égalitaire, soudée, une et indivisible. La croyance prône les bonnes valeurs, l’amour d’autrui, le pardon et la générosité. La foi interdit l’exclusion, l’injustice, l’avilissement, les violences et les persécutions.
Mais faut-il en assurer le bon usage pour arriver à cette société parfaite, en premier à l’aide des Imams « intègres » qui sont les garants de cet ordre
religieux sans faille, capable d’enfanter les peuples vivant en parfaite symbiose.
Faire mauvais usage de la religion donne tout bonnement un résultat contraire, conduisant aux menaces de la communautarisation des sociétés et à leur stratification arbitraire, favorisant ainsi les facteurs de la division et du déchirement des peuples, de plus en plus à l’origine de révoltes irréversibles, plongeant des Etats forts dans le chaos total.
La Mauritanie, encore, fragilisée par ses héritages et ses survivances identitaires doit s’empresser de prendre le taureau de la division et du mauvais usage de la religion par les cornes, avant qu’il ne soit trop tard.
C’est l’ultime chance, pour s’engager irréversiblement dans la trajectoire de la refondation d’une société juste, égalitaire, réconciliée avec elle-même et déterminée à cicatriser ses profondes plaies pour assurer une vie durable et harmonieuse de ses composantes.
Le bon usage de la religion a été illustré par l’Erudit Hademine Ould Saleck, dans sa khotba du vendredi passé (31 octobre 2014) à la Mosquée El Atigh (première grande mosquée de la capitale en face de la prison centrale de Nouakchott).
Un éminent défenseur des droits de l’homme particulièrement de la cause des esclaves, était présent à ce prêche, qu’il semble, au vu de ses incessants hochements de tête, approuver la teneur de cette khotba, ne manquant de complimenter l’Imam à la fin de cette prière.
Dans cette khotba, l’Imam Ould Saleck, mettant en garde les mauritaniens contre les risques de la division qui planent sur le pays, accentués à la suite de l’incident de la Mosquée Saoudienne entre l’Imam Ahmedou Ould Lemrabott et des militants de l’IRA, a appelé les mauritaniens à œuvrer dés à présent, pour assurer leur unité et leur cohésion sociale, ainsi que pour mettre le pays à l’abri des périls que le guettent.
Des ses appels, l’Imam a demandé aux riches de réserver une partie de leur fortune à leurs frères pauvres qui ne mangent pas à leur faim, l’Etat à se mobiliser par des acte concrets, pour assurer un enseignement digne aux marginalisés qui avaient raté l’école, à créer des conditions de vie dignes pour les populations victimes de l’exclusion en leur permettant l’accès à l’eau, à l’électricité, au travail, à la santé…
Dans sa Khotba, l’Imam Ould Saleck a appelé à faire bénéficier les pauvres citoyens des richesses énormes de ce pays, de préparer ces communautés marginalisées à l’émancipation et à l’autonomie pour pouvoir se construire et jouir de leurs pleins droits politiques et socioéconomiques.
Un prêche religieusement correct, qui montre aux autorités et aux mauritaniens, la droite ligne à emprunter par tous les autres Imams ainsi que par tous les mauritaniens, pour assurer à leur pays un avenir serein et harmonieux.
Tout le contraire d’autres prêches incendiaires qui remuent la plaie et n’apportent pas de solutions aux vrais maux de notre pays, aggravant plutôt l’écart social, où les exclus se sentent jour après jour des étrangers dans leur propre patrie.
Pour assurer sa survie, de tout chaos social, la Mauritanie, gouvernants et gouvernés doivent se mobiliser dés à présent pour créer les conditions de cette ambition, en s’engageant de toutes leurs énergies pour l’avènement d’une société juste, réconciliée avec elle-même, fortement mobilisée, pour mettre totalement fin à toutes les formes d’exclusion et de discrimination qui la minent.
Cette mission n’est pas impossible, bien au contraire, elle est à portée de main. Commencer par organiser des Etats Généraux sur la justice sociale, impliquant tous les acteurs, pour dégager une formule consensuelle serait la meilleure solution pour déclencher des politiques pertinentes capables d’engager la Mauritanie, toutes composantes confondues, dans la vie en harmonie.
Md O Md Lemine